Bienvenue dans Le regard de Meichelus, héritier d’Eugène Delacroix par sa grand-mère, où la peinture et la littérature se font échos dans une danse magique, résistance subtile à l’ordinaire. Ce blog est un voyage surréaliste, une incantation poétique pour redécouvrir la beauté secrète du quotidien. Chaque texte, chaque toile, comme une clé mystique, ouvre des portes vers un ailleurs où l’art devient guide et la magie, souffle d’éternité, éclaire des chemins insoupçonnés.
lundi 25 novembre 2024
Truffes est arrivé et mis en vente libre.
lundi 4 novembre 2024
« L’envol de l’énigme »
L'envol de l'Enigme
Critique de l’œuvre de Meichelus réalisée par l’autrice Anouk Journo
Cette œuvre de 80/60 cm, terminée le 3/11/2024 et commencé le 15/03/2024 est réalisée à l'aquarelle, l’aquarelle luminescente, l’acrylique, le crayon mine, et l'encre de Chine.
« L’envol de l’Enigme » est le résultat d’un travail minutieux et intensément symbolique, à la croisée de l'art sacré et de la cartographie spirituelle. D'une richesse iconographique foisonnante, elle s'articule autour d'un agencement complexe de motifs et de figures qui interpellent par leur précision et leur caractère mystérieux… Chaque élément est empli c d'une signification propre. De fait, la démarche artistique de Meichelus est transcendante et méditative.
L'organisation visuelle de cette peinture repose sur un format horizontal à plusieurs registres superposés, évoquant les frises murales ou les rouleaux illustrés des manuscrits anciens… On y découvre une succession de « bandes étagées » semblables à des séquences visuelles dans un manuscrit ou une tapisserie, où chaque registre semble raconter une histoire ou introduire un ensemble de symboles distincts. Comment ne pas songer aux thangkas tibétains, qui utilisent des compositions compartimentées pour illustrer des récits religieux ou philosophiques ?
Le point central de la composition est occupé par un motif circulaire complexe – un mandala finement détaillé.
Ce mandala a été inspiré par une rencontre avec un papillon « sphinx à tête de mort », qui est venu se cogner contre la fenêtre de l’atelier de Meichelus. On l’a retrouvé le lendemain, posé sur une fleur, sur le sol de la courette qui borde la maison. Ce papillon rare, extraordinaire, est une espèce généralement associée à des symboles sombres ou morbides en raison de la forme crânienne dessinée sur son thorax. Il évoque l’ Achéron, fleuve des enfers de la mythologie grecque, et Atropos, la divinité chargée de couper le fil de la vie. Meichelus a souhaité sortir de l’anthropique interprétation, dépassant la tentation morbide, et utilise le mandala pour transformer l'aura de cet insecte en une énergie positive et transcendante. En intégrant des motifs bienveillants et des symboles harmonieux, l'artiste cherche à "modifier l'épigénétique de sa symbolique" du papillon tête de mort, réécrivant ainsi sa signification pour en faire un symbole de renaissance et de lumière intérieure. Ce mandala, placé au cœur de la composition, devient alors un noyau de métamorphose, d'où émane un message de rédemption consacrée.
Au-dessus et en dessous du mandala central, des bandes de texte calligraphié, évoquant un alphabet tibétain ou sanskrit, attirent immédiatement l'attention. Ces inscriptions, mantras ou extraits de prières, ajoutent une dimension sacrée et mystique à cette oeuvre. Leur présence encadre la composition, offrant une atmosphère de rituel et de révérence. La typographie choisie et la façon dont les textes s'inscrivent dans l'espace visuel rappellent ainsi les parchemins sacrés des traditions bouddhistes et hindoues, où les mots ne sont pas seulement des vecteurs de sens mais des objets de pouvoir spirituel.
La position de ces texte, servant de cadre supérieur et inférieur, crée une symétrie verticale qui stabilise la composition tout en renforçant l'idée de frontière entre le profane et le sacré. Nous pourrions interpréter ces écritures comme des passages vers une dimension spirituelle ou comme des incantations protectrices qui entourent et bénissent le contenu visuel de l'œuvre.
Personnages et figures symboliques
En regardant avec attention, nous découvrons un univers peuplé de figures anthropomorphes, de créatures chimériques et de motifs floraux et végétaux, dispersés autour du mandala. Certains visages sont stylisés, presque oniriques, et évoquent des expressions de calme, de contemplation ou de transcendance. Ces visages aux traits sereins paraissent détachés du monde matériel, suggérant des entités spirituelles ou des divinités bienveillantes, incarnations possibles de principes métaphysiques ou de forces naturelles.
Les créatures hybrides, mi-animales mi-humaines, contribuent à l'aspect mythologique de cette œuvre. On y devine des formes qui rappellent à la fois des esprits de la nature et des archétypes universels présents dans les mythes de diverses cultures. Meichelus semble s'inspirer d'une imagerie collective, un répertoire symbolique intemporel où chaque être représenté incarne un aspect de l'univers : la sagesse, la protection, la fertilité, la force, ou encore la méditation. L’humour a aussi sa place…
La disposition des figures autour du mandala central évoque un rituel ou une forme d'adoration, comme si elles étaient rassemblées autour d'une source de transformation spirituelle. Cette organisation pourrait illustrer le pouvoir du papillon tête de mort réinventé, où ce qui était autrefois un symbole de mort ou d'obscurité devient une lumière autour de laquelle gravitent toutes les créatures de cet univers. C'est une célébration de la capacité de transformation et de réinvention, de l'ombre vers la lumière.
Technique et choix des matériaux
L'utilisation de l'aquarelle permet des jeux de transparences et de superpositions subtiles, créant des effets d'ombre et de lumière qui insufflent une aura éthérée à l'ensemble. Les couleurs dominantes – des tons de vert, de jaune, de rouge, et des nuances terreuses – ajoutent une sensation de nature vivante, en écho avec les thèmes de connexion spirituelle et de sagesse éternelle. Les verts semblent chercher l'harmonie et la croissance, les jaunes la lumière et la connaissance, tandis que les rouges sont souvent associés à l'énergie, à la passion et à la vie elle-même.
L'encre de Chine, quant à elle, est utilisée pour accentuer les contours et donner de la profondeur aux détails. Chaque trait est net, précis, et l'on ressent une véritable maîtrise technique. Un geste habité. Les fines lignes d'encre créent un effet de dentelle, notamment dans les bordures supérieures et inférieures de l'œuvre, rappelant des motifs de broderie ou des ornements architecturaux. Cela confère à l'ensemble un aspect artisanal, presque sacré, comme si chaque élément avait été « sculpté » dans le papier avec une attention minutieuse et une grande dévotion.
Éléments de détail et motifs géométriques
Au-delà du mandala central, des motifs géométriques et des arabesques parsèment la composition, ajoutant une autre couche de complexité visuelle. Ces motifs semblent non seulement décoratifs mais également symboliques : dans de nombreuses traditions spirituelles, la géométrie sacrée est utilisée pour représenter des concepts comme l'infini, la connexion universelle ou l'ordre cosmique. Les spirales, par exemple, symbolisent souvent la croissance, l'évolution ou la fluidité de l'énergie vitale.
Les bordures sont également riches en détails, avec des motifs floraux et des arabesques qui prolongent l'idée d'unité et de cycle. Ces bordures pourraient être interprétées comme des frontières entre le monde visible et l'invisible, un espace liminaire où l'artiste invite celui qui observe, à transgresser le monde matériel pour pénétrer un univers de réflexion spirituelle.
Interprétation et sens profond
« L’envol de l’Enigme » nous invite à une exploration profonde des liens entre l'humain, le divin et la nature. En combinant des éléments de différentes traditions spirituelles (comme le mandala bouddhiste, les écritures sacrées, les motifs naturels et les créatures mythologiques), Meichelus propose une vision du monde unifiée où chaque être est interconnecté. En reconfigurant le symbolisme du papillon tête de mort, l'artiste transcende sa connotation traditionnelle pour en faire un symbole de résilience et de rédemption. Ce mandala central devient alors un vecteur de renaissance, un appel à transformer nos perceptions et à transcender les significations héritées.
Chaque détail, chaque couleur et chaque symbole semblent avoir été choisis avec soin pour éveiller une forme de spiritualité, afin d’amener le spectateur à s'interroger sur sa place dans le cosmos… ou au quotidien. C'est une œuvre qui appelle à la contemplation, au voyage intérieur et à une réflexion profonde sur la nature de l'existence. Jour après jour.
Ainsi, l'artiste a su créer une toile à la fois complexe et harmonieuse, alliant précision technique et puissance spirituelle. Cette œuvre impose un dialogue silencieux entre le visible et l'invisible, entre l'ici et l'ailleurs, et nous laisse avec une impression de paix, de mystère et d'émerveillement.
samedi 12 octobre 2024
Création de l'interview pour Truffe
Merci a Patrick Le Corre pour ce petit interview généreux qui met la lumière sur notre livre !
jeudi 10 octobre 2024
Notre livre, écrit par Anouk Journo et illutré par moi est revenu des presses !
La campagne de contribution sur le site de Ulule ( ci-dessus ) s'est terminée, notre livre : « A la recherche de Truffe ou les alexandrins magique » est de retour de chez l’imprimeur pour notre plus grand bonheur! Merci encore à tous ceux qui ont cru dans ce projet et sans qui le livre n’aurait pu voir le jour ! Vous pouvez le trouver en vente içi et l’acheter directement à l’association.
Je joins la photo de la couverture du livre ainsi que l’article paru dans l’indépendant.
mardi 3 septembre 2024
mercredi 21 août 2024
L’origine des religion est-elle psychédélique ? Article de Stéphan Shillinger dans la revue Métamorphose.
🍄 L'Origine des Religions est-elle Psychédélique ? 🍄
Partage de cette article de Stéphan Schillinger issu de ses travaux de recherche publiés dans son livre : « La sagesse interdite » et que je montre sur ce blog.
Je tiens à partager avec vous mon premier article pour le premier numéro de la revue Métamorphoses, qui m'accorde désormais une tribune mensuelle. Ma contribution au second numero sera "Les limites des thérapies sans spiritualité", puis "L'attachement traumatique" et "La psychomagie de Jodorowsky", respectivement pour les n°3 et et 4.
Les pratiques libératrices ont de tout temps été considérées comme dangereuses. Certains enseignements secrets sont donc logiquement devenus interdits, car émancipatoires, au point de se libérer de l’illusion de la réalité et d’atteindre des niveaux de conscience originels. Ainsi en est-il des pratiques de consommation de plantes sacrées – psychédéliques ou enthéogènes – associées à la méditation, qui existent depuis des millénaires à la base de toutes les traditions spirituelles.
Puis l’Eternel Dieu commanda à l’homme, en disant :
« Tu mangeras librement de tout arbre du jardin ». Genèse 2:16
Dans la référence biblique sans doute la plus connue de l’histoire, l’épisode du fruit défendu, l’identification à l’ego est transcendée au profit de l’accès à un autre royaume, une autre dimension, et nous donne accès à ce qui pourrait être compris comme une entité plus grande faisant l’expérience d’elle-même à travers des formes de vies fragmentaires. Nous parlons d’« éveil ». Il y a alors compréhension que notre réalité illusoire procède d’un consensus culturellement renforcé, maintenu en place par des institutions dont la survie dépend de l’adhésion générale à ce consensus. L’expérience psychédélique, pratiquée depuis toujours, issue notamment de l’ingestion de plantes enthéogènes destinées à explorer la réalité sous un angle différent – les animaux eux-mêmes consomment des substances menant à un état modifié de conscience – permet de sortir de cette illusion, appelée Maya, dans le bouddhisme. Elle contribue à dissoudre ce qui fait de nous des individus limités, l’ego, et a pour effet de favoriser un changement de perception en passant de la conscience individuelle à la conscience universelle décrite par de nombreux mystiques à travers les âges. Les enthéogènes désignent communément des plantes sacrées (parfois des substances animales), dont l’usage est attaché à une tradition spirituelle et procurent, quand ils sont consommés à dessein, l’expérience transcendante dont il est fait mention dans toutes les traditions spirituelles. Ce mot provient des racines grecques en (dedans) theo (divin) et gen (crée), et signifie littéralement « générer le divin à l’intérieur ». Sont notamment ainsi désignés sous ce terme le peyotl, l’iboga, l’ayahuasca ou encore les champignons à psilocybine. Le terme psychédélique, quant à lui, englobe plus largement les « drogues » ou composés synthétiques, agissant sur le circuit sérotoninergique (LSD, Bufoténine, 2CB, DMT, etc.).
Entre renaissance psychédélique et censure morale
Actuellement, nous assistons à un engouement progressif pour la réintégration de ces derniers dans la société. Après la vague de prohibition planétaire, menée par les États-Unis dans les années 70, un nouveau mouvement émerge, porté par des hommes et des femmes déclarant leur souveraineté, leur liberté d’ingérer ce qu’ils souhaitent, et leur droit inaliénable d’explorer leur conscience avec ces outils de la nature. C’est ce que nous appelons la « renaissance psychédélique » qui a lieu depuis près d’une quinzaine d’années. Si notre société et notre culture valident les nourritures pour le corps, les nourritures de l’esprit, quant à elles, sont a priori proscrites. Les psychotropes autorisés comme le café, l’alcool, le thé ou le sucre, dont la consommation est même parfois encouragée, ont pour effet de réduire le champ de notre conscience et non de l’élargir. Les psychédéliques sont si bien méprisés qu’on les réduit volontiers sous l’appellation de « drogues » – une catégorisation outrageusement large, péjorative et imprécise, dans laquelle nous plaçons toute substance que nous déclarons altérer la conscience (dans le sens de « dégrader », et non seulement de « dénaturer »), sans aucun égard, ni considération, pour celles qui l’élargissent, l’aiguisent, l’approfondissent à l’instar des plantes enthéogènes et des substances psychédéliques catalysatrices et ambassadrices d’une reconnexion, profonde et expérientielle, à la nature. Cette censure morale et spirituelle qui ressurgit régulièrement au cours des deux derniers millénaires — propre à toute société de contrôle – est à mettre en relief avec les dizaines de milliers d’années de chamanisme, de mysticisme et d’expérience directe du « divin », permis par les enthéogènes, dont l’origine de la consommation est peut-être antérieure à la bipédie.
Expérience profonde aux sources du chamanisme
Il me semble fondamental de préciser qu’on entend ici le chamanisme dans sa dimension originelle, indissociable de l’ingestion de nourritures « sacrées » ou « magiques », enthéogènes. Il est à distinguer du néo-chamanisme actuel adossé au mouvement New Age, qui s’en affranchit parfois fièrement en tentant de reproduire des états de conscience modifiés avec des techniques ou une posture supposément inspirée du chamanisme traditionnel, auquel les enthéogènes sont pourtant non seulement centraux, mais fondateurs. Dans les traditions chamaniques les potentiels thérapeutiques et spirituels sont deux aspects considérés comme indissociables, contrairement à l’approche propre à notre société capitaliste, qui s’ouvre progressivement aux médecines psychédéliques sur fond de considérations rentabilistes et scientifiques. Or il n’est pas rare qu’une « guérison » survienne précisément grâce à une expérience d’éveil spirituel à la suite de la traversée d’un moment décrit comme difficile, voire effrayant ou horrible, dans laquelle l’expérimentateur peut traverser toutes les émotions négatives éventuellement refoulées tout au long de son existence. Les enthéogènes, et par extension les psychédéliques, offrent le potentiel de favoriser l’émergence de royaumes spirituels, inhérents à la nature humaine, et étroitement liés au chamanisme originel. Y accéder implique la traversée des émotions qui nous entravent, à laquelle l’expérience psychédélique profonde nous convoque souvent.
2000 ans d’initiation psychédélique de masse
Pendant plusieurs millénaires, de nombreuses institutions facilitant l’accès à ces expériences directes ont parsemé l’Europe et l’Asie. Ce fut notamment le cas des « cultes à mystères » indo-européens, parmi lesquels ceux de la Grèce antique furent les plus célèbres. Les Cités-États qui constituaient la Grèce rivalisaient chacune de leur culte à mystères, dont le plus célèbre était situé à Éleusis. Les mystères d’Éleusis consistaient en une initiation d’une efficacité inégalable, qui avait pour objet l’absorption d’une boisson à base notamment d’ergot de seigle à partir duquel est synthétisé ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de « LSD ». Sa présence lors des cultes, entre autres plantes psychotropes, est attestée par des disciplines comme l’archéochimie et l’archéobotanique. De nombreuses spéculations concernent l’utilisation d’autres substances, comme ce fut le cas à travers le monde antique avec les champignons à psilocybine. Le mot mystère vient du grec muo, qui signifie littéralement « fermer les yeux ». Sous peine de mort, il était expressément interdit de révéler ce qu’on vivait lors des mystères d’Eleusis. Ils ont été, pendant plus de vingt siècles, une manière rituelle d’assurer les
chances de vivre l’éveil spirituel, en « mourant avant la mort ». Le culte attirait les esprits les plus brillants de l’époque. Des personnalités comme Socrate, Platon, Sophocle, Aristote, Épicure, Plutarque et Cicéron y ont été initiées, entre autres nombreux philosophes et empereurs romains. Ces initiations psychédéliques de masse ont été interdites à la fin du IVe siècle par l’empereur romain Théodose 1er qui tentait de faire d’une certaine vision du christianisme — alors privé de ses sacrements enthéogènes constitutifs — la religion officielle.
L’essence de la foi chrétienne ?
Selon Brian Muraresku, auteur du New-York Times Best Seller The Immortality Key, il y a de nombreuses raisons de penser que ces trois siècles de paléo-christianisme psychédélique sont l’essence même de la foi qui rassemble aujourd’hui deux milliards de chrétiens. Avant d’être chrétienne, l’eucharistie originelle était consommée dans le cadre d’un repas important, un banquet païen d’inspiration grecque appelé agapè, qui était « souvent marquée par une consommation excessive de boisson conviviale », qui n’avait rien des effets de l’alcool présent dans le vin d’aujourd’hui. À titre d’exemples liminaires : Dio Scoride, un médecin contemporain de Jésus, est l’auteur d’un ouvrage répertoriant 56 recettes de vin, dont la quasi-totalité contiennent des plantes enthéogènes. Saint Ignace d’Antioche, évêque du Ier siècle, parle de l’Eucharistie comme la « drogue de l’immortalité » (pharmakon athanasias) - un « antidote » ET un « poison » à la mort, capable de générer la vie éternelle. Dans la Bible, l’apôtre Paul se plaint que le repas commun dans l’église ressemble davantage à une agape où certains semblent abuser du sacrement. Il se livre alors à une injonction spirituelle, et non festive, des sacrements manifestement psychédéliques : « Que chacun donc s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe. Car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement contre lui-même. C’est pour cela qu’il y a parmi vous beaucoup d’infirmes et de malades, et qu’un grand nombre sont morts. » (Corinthiens 11:28-30) Apparemment, il y a deux mille ans, « un nombre considérable » de Corinthiens mouraient ou tombaient malades pendant l’eucharistie chrétienne. Nous sommes loin de la gaufrette au goût de carton et du vin de messe.
Des prophéties sous l’effet de plantes
Benny Shanon, professeur émérite de psychologie à l’université hébraïque présente, en 2008, une hypothèse selon laquelle l’ancienne religion israélite était associée à l’utilisation d’enthéogènes. Basées sur une nouvelle lecture des textes de l’Ancien Testament relatifs à la vie de Moïse, sa théorie s’appuie sur la présence dans les zones arides de la péninsule du Sinaï et du sud d’Israël, de deux plantes contenant les mêmes molécules psychoactives que l’ayahuasca : la plante Peganum harmala (aussi appelé Rue de Syrie, harmal, ou esphand en arabe), et de plusieurs variétés de mimosacées, dont certains acacias riches en DMT. Ce qui permet d’éclairer les raisons des mentions étonnamment abondantes de cet arbre dans la Bible et les traditions égyptiennes. De ce dernier ont été faits le tabernacle et l’arche dans lesquels étaient gardées les Tables de la Loi. Le professeur déclare, par ailleurs, avoir été frappé par la similitude entre les expériences et visions qu’il a eues au cours de centaines de cérémonies d’ayahuasca et celles rapportées dans les textes bibliques, où le serpent, symbolique de cette expérience, est mentionné, métaphoriquement ou non, plus de 120 fois sous divers noms. L’une des principales conclusions de sa recherche est que, en effet, les visions de l’ayahuasca présentent des points communs interpersonnels significatifs qui transcendent les variations socioculturelles.
Moïse sous psychédéliques ?
Les récentes études scientifiques du Dr Rick Strassman, rapportés dans son livre « DMT & the Soul Prophecy » portent sur les troublantes similarités entre la phénoménologie des expériences prophétiques et des expériences de la DMT. Deux expériences, largement documentées et étudiées, dont les critères phénoménologiques se chevauchent à plus de 90 %.
Pour Shanon, les épisodes clés de la vie de Moïse présentent des caractéristiques qui sont des symptômes importants de l’expérience de l’ayahuasca. Ces épisodes incluent la première rencontre de Moïse avec ce qu’il considère comme Dieu, lors de sa théophanie au mont Sinaï, traditionnellement considérée comme l’événement le plus important de toute l’histoire juive. Plusieurs travaux de recherche ultérieurs appuient encore davantage l’hypothèse enthéogénique actuelle. Des suggestions similaires ont également été faites concernant l’islam. En étudiant le folklore arabe et bédouin dans le sud de la Jordanie, l’enquêteur indépendant Rami Sadji a émis l’hypothèse que l’islam et la religion arabe préislamique reposent également sur l’utilisation d’enthéogènes. Plusieurs sources relatent l’utilisation du roseau Arundo donnax, comme enthéogène en combinaison avec le buisson Peganum harmala. C’est dans ce roseau psychédélique, dans lequel des quantités non négligeables de DMT et de bufoténine sont présentes, que les Égyptiens enveloppaient leurs morts.
Le mystère du Soma
Le « Rig-Véda », au centre de la religion védique, a été rédigé entre 1500 et 900 avant notre ère. Cette collection d’hymnes sacrés, comprenant 1 028 ensembles de vers organisés en 10 recueils, implique la pratique de rites complexes qui intègrent paroles et gestes « magiques ». Veda signifie simultanément « connaissance intuitive des puissances agissantes lumineuses qui régissent l’existence de la société des aryas », et « pratique des méthodes aptes à les influencer ». Si l’Iliade et l’Odyssée sont les textes mères de la civilisation occidentale, le Rig-Véda en est la grandmère. Et là, nous trouvons la « potion » originale, une boisson sacramentelle appelée « soma ». Dans le Rig-Véda, le soma est à la fois une plante et le dieu résidant dans la plante. Avec une ampleur similaire, il en était de même en Perse, cinq siècles plus tôt avec le Zoroastrisme, et son livre sacré — l’Avesta — dans lequel nous découvrons l’ingestion d’un breuvage appelé Haoma, qui transmet des enseignements à celui qui le boit. Une succession de détails fera sourire les buveurs expérimentés d’ayahuasca. Dans son livre « The Hindus : An Alternative History », l’indologue Wendy Doniger souligne que les premiers Indiens védiques vivaient dans les montagnes où poussaient beaucoup de champignons enthéogènes. Cependant, lorsque leur société a migré vers les plaines du Gange, le soma psychédélique a disparu et ne sont restés que les kriyas, un ensemble spécifique de pratiques respiratoires et énergétiques inspirées des états transcendants induits par la consommation de champignons psychédéliques, copieusement représentés dans les temples et sculptures de l’époque. Plusieurs auteurs avancent que ces exercices sont à l’origine du yoga, tel qu’il est mentionné dans cet ouvrage fondateur que sont « Les sutras de Patanjali », où l’éveil par la consommation des plantes y tient la même place que la méditation, les chants ou le yoga.
Se reconnecter à la conscience universelle
De tout temps, les hommes ont tenté de rapporter le contenu d’expériences spirituelles sous formes de mots, de les institutionnaliser et de les organiser. Du chamanisme sont nés les cultes à Mystères, détruits par les religions du livre, elles-mêmes librement inspirées de ces derniers, obstruant l’accès à l’expérimentation directe et imposant une intermédiation cléricale dépositaire exclusive de l’interprétation dogmatique de l’expérience enthéogène de quelques prophètes. À l’image d’un cœur qui se contracte et se dilate, l’humanité arrive en fin de contraction, avec le recul du dogme religieux qui est un des plus grands obstacles à l’éveil. Le remède serait là, juste sous nos yeux. Il prend la forme de quelques molécules, qui, employées avec la bonne intention et le bon cadre, nous ouvrent les yeux sur le mur qui approche en nous connectant avec l’intelligence du vivant, et avec ce que de nombreuses traditions décrivent comme une conscience universelle. Il s’agit, ici et maintenant, d’injecter de l’esprit dans la matière, de l’humilité dans le dogme, de la conscience dans l’ignorance, de l’amour dans la peur. Il s’agit de nous préparer à la rencontre avec une entité que notre niveau de conscience actuel ne peut pas concevoir. Et qui nous attend avec un amour infini.
Stéphan Shillinger.
jeudi 25 juillet 2024
« Dualités organisées »
Acquérir le livre de poésies graphiques de meichelus et Anouk Journo
Toile « Dualités Organisées »
Exploration de cette toile d’art abstrait
La création de cette toile est due à un mélange de spontanéité mesurée, d’une immersion bienheureuse tenue par le fil tenu de la même énergie qui fait voler le pollen à bonne destination. Je suis heureux de partager avec vous l'essence et les détails de cette œuvre qui représente un voyage particulier et complexe à travers les dualités du vivant, de la nature, dans un souci d’équilibre.
"Dualités Organisées" est née de mon regard pour les contrastes inhérents à l’existence : la vie et la mort, la lumière et l'obscurité, le chaud et le froid. J'ai voulu capturer ces thèmes universels en utilisant des éléments visuels qui évoquent pour moi, à la fois la beauté naturelle et la rigueur géographique en me positionnant dans le sein même de ce travail.
La toile se compose de deux éléments verticaux centraux distincts. Le premier élément, situé à gauche, présente un dégradé de couleurs allant du jaune doré au brun foncé, culminant en un motif central semblable à un mandala ou une fleur stylisée. Ce choix de couleurs et de motifs peut symboliser les cycles du jour et de la nuit, ainsi que l'interaction entre la lumière et l'ombre.
Plus à droite, le second élément vertical est plus fin et rouge, rappel d’une ligne de vie ou un chemin. Ce contraste de forme et de couleur pour signifier les différents parcours que nous empruntons et les décisions qui façonnent nos vies.
Peinture contemporaine et Inclusion Géographique et Détails Floraux
Un élément central de cette œuvre est l'inclusion de motifs trouvés dans une carte I.G.N. au 1/6250ème de la région où je vis, intégrée dans la trame principale. J’ai toujours pensé que ces cartes, vues du ciel, ressemblaient à des feuilles d’écriture, ajoutant une dimension de hauteur et de perspective aérienne qui rappelle des œuvres des maîtres tels que Mondrian avec ses compositions rigoureuses, ou encore Cézanne et sa vision architecturale du paysage. On peut aussi y voir une ressemblance avec les œuvres de Paul Klee, connu pour ses peintures aux couleurs vives et pour l'utilisation de motifs géométriques et organiques qui rappellerait des paysages vus d'en haut. Les cartes ou les vues aériennes stylisées, comme celle-ci, sont liées par une abstraction poétique et une exploration des formes et des textures. Ces feuilles d’écriture, regard surréaliste que j’ai choisi, sont le territoire entouré des vignes où je vis, et m’évoquent les livres et l’écriture dans leur formes rectilignes. Les vignes devenant des feuilles de livre.
Cette dualité entre la rigueur géographique et la fluidité naturelle des fleurs de cerisier, qui jalonnent le pourtour de la forme centrale, crée un équilibre entre contrôle et lâcher-prise. Là où les fleurs symbolisent la beauté éphémère et la fragilité de la vie, j’ajoute cette délicatesse, au regard de l'ensemble de l'œuvre.
Pour réaliser "Dualités Organisées", j'ai utilisé une combinaison de techniques de pointillisme, de hachures et de dégradés de couleurs. Ces techniques m’à permis de créer une texture nourrie et complexe pour offrir de la profondeur au regard. J’invite celui et celle qui regarde à découvrir de nouveaux détails à chaque regard. Les lignes fines contrastent avec les formes fluides et organiques, créant un équilibre d’harmonie qui se veut refléter les dualités thématiques de la toile.
L'esthétique finale repose sur un équilibre entre complexité et simplicité. Les formes organiques, bien que minutieusement détaillées, créent une composition que j’ai voulu cohérente. Des feuilles d’or aux couleurs, faites à la peinture pastel, à l’acrylique, au stylo bille et à l’encre de Chine, principalement avec des tons naturels, pastels renforcent l'aspect organique et apportent la chaleur du vivant. Les fleurs de cerisier, en particulier, ajoutent une douceur visuelle, de l’émotion, et contrastent heureusement avec la rigueur de la carte géographique.
"Dualités Organisées" est une toile qui reflète ma quête de comprendre et de représenter les dualités de l’existence pour mieux s’en extraire. En intégrant des éléments naturels et géographiques, j'ai cherché à créer une pièce qui non seulement capte l'attention par le visuel, mais qui suscite également une réflexion profonde sur la vie, la nature et notre place dans le monde.
À travers cette juxtaposition de rigueur et de fluidité, de contrôle et de lâcher-prise, "Dualités Organisées" mène à une méditation sur l’équilibre et la vacuité, comme un point de suspension dans un espace de contemplation. J'espère que cette œuvre vous touchera et vous inspirera autant qu'elle m'a inspiré lors de sa création. En explorant les détails et les significations de "Dualités Organisées", je vous invite à plonger dans un voyage introspectif et contemplatif.
Toile de 60/80 cm sur papier Arches réalisée avec de l’encre de Chine, de la peinture pastel, des feuilles d’or, de la peinture acrylique et du stylo bille.
Meichelus
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