« Le guerrier de la paix » - Toile de 25/35 cm
Réalisée sur papier aquarelle aux crayons mines noires, avec de la peinture pastel, du brou de noix, des feuilles de thé, du carton, du fil de coton, du stylo bille et de l’encre à dorer.
L’art peut-il changer le monde ?
Cette toile m’a permis de commencer à centrer mon utilisation du crayon mine avec le carton sur papier aquarelle, en cherchant l’équilibre que la matière suscite chez moi dans l’infini auquel cette matière me renvoie. J’explique : la mine noire représente, pour moi, une certaine énergie, et le carton peint une autre. C’est le mélange des deux qui agit sur la toile et peut laisser apparaître, tel le révélateur du photographe, ce que je pense être un « en deçà de la forme et de la matière », une énergie primordiale, une énergie à la fois nouvelle et ancestrale. En partageant, en mettant en commun ces deux matières pour les dépasser, il en résulte, chez « celui ou celle qui regarde », un possible regard associant l’alchimie que suscitent ces deux matériaux. Le minéral et le végétal, simple symbiose menant l’un à la couleur, l’autre à la forme, pour indiquer ce qui nous entoure en permanence, une conscience détachée de nous, un message unique, une énergie issue du vivant et du cosmos, quand l’homme libéré de ses entraves perçoit la nature qui l’entoure….
« Le guerrier de la paix » est une toile qui parle du rythme, de l’intention de retrouver les battements de la vie en harmonie avec les battements de la terre et du corps quand le niveau de conscience s’élève et permet, avec la transe spirituelle, par exemple, de guérir.
Et puis il y a le dessin. Le particularisme de cette toile est lié au particularisme fantastique et surréaliste des artistes magiciens, que ce soit celui du meilleur ami, du psychiatre, du chaman, de l’écrivain où de qui que ce soit sachant transformer le réel en acte magique. Celui (ou celle) qui cherche au-delà des apparences et qui trouve, de sa vision profonde, une communion parfaite avec les éléments fondamentaux. L’assurance qu’à partir d’une vision spirituelle, et la confiance en l’existence, qu’une « autre réalité » puisse être un remède à la santé qui « change le monde ».
Si la pratique artistique et le rituel cérémoniel peuvent s’accorder dans un niveau plus élevé de conscience, tel un voyage léger où en « ré-ouvrant » les yeux pour laisser aller l’imagination, la toile appartient toujours à celui ou celle qui regarde. Comme le rythme régulier du tambour produit une énergie sonore hypnotisante, peut-elle alors dépasser le simple détachement temporaire des préoccupations quotidiennes ?
Je voudrais montrer que le voyage vers le monde des esprits est l’étape, un passage au-delà de l’exercice de « relaxation » qui possède la force du changement. Une voie existe, un voyage médiatisé pour se « ré-accorder » aux différentes dimensions de notre être et nous émanciper.
Après que nous soyons passés devant le gardien du feu sacré, tenant fièrement le « baton egotique », la place du « désir » se déplace pour se dépouiller des certitudes qui le figent et s’élever. Ainsi se présente le guerrier de la paix, avec l’acceptation de sa décomposition, se fournissant à lui-même l’aide nécessaire et indispensable, autant que rapide, à sa « recomposition ». Pour que de nouveau un accès libre et fluide se signe devant l’amour éternellement présent.
Dans ce cadre, l’art ne pourrait-il pas ouvrir une voie à la spiritualité ? En imaginant que la représentation du réel puisse traduire une pensée du réel, même si la transe-formation du monde en profondeur s’avère lente et imprévisible, elle n’en serait pas moins « essence ciel »…