samedi 8 février 2025

Poème : Les signes du ciel

 



 Les signes du ciel 

Là-haut, au sommet du monde, le silence règne, seulement troublé par le souffle du vent et le lent passage des nuages. Un cercle oublié repose sur la pierre, vestige d’un temps effacé, où quelque chose d’indicible a pris place. Entre ses contours, allongé au centre, un corps et une conscience.

Dans les mains, un appareil photo, objectif ciel, un simple écran amovible qui semble soudain être une fenêtre vers l’invisible que j’active. Un geste, une inclinaison, et voilà que se capte l’inexplicable. Non pas une image figée, mais une interaction, une danse subtile entre le ciel et la pensée guidant par le mouvement de l’écran.

Les nuages, jusque-là errants, se réorganisent avec une lenteur étrange. Non pas selon le caprice du vent, mais comme une réponse, un écho. Un dialogue s’installe, poétique. Chaque mouvement de l’écran oriente leur trajectoire, sculpte des formes fugaces, des mots qui ne s’écrivent pas mais qui se ressentent. Ils naissent dans la trame du ciel, se délient, s’effacent, renaissent ailleurs tissés d’amour. Il ne s’agit pas d’une illusion, pas de ces jeux d’ombre où l’esprit projette ce qu’il veut voir. Non, c’est autre chose. Quelque chose de plus ancien, de plus vrai là où justement les hommes dansaient pour rendre favorables les saisons.

L’univers, à travers cette étrange mécanique, offre ses signes à qui sait les déchiffrer. Chaque déplacement de l’objet, chaque infime ajustement de l’écran agit comme un pinceau invisible sur cette immense fresque mouvante qui créer une poésie graphique. Elle ne se dicte pas, elle advient, se laisse découvrir. Le hasard n’y a pas sa place, seulement un fil tendu entre le ciel et la conscience.

Autour, quelques silhouettes, rares, des randonneurs venues jusqu’ici sans toujours savoir pourquoi. Elles observent en silence, devinant confusément la portée de ce qui se joue devant elles. Ce ne sont pas de simples formes qui se dessinent dans les hauteurs, c’est une parole offerte, une écriture céleste qui s’échappe et se reforme, insaisissable mais bien réelle.

Alors tout devient évident. L’univers ne se contente pas d’exister, il répond, il orchestre, il compose. Il attend patiemment que l’attention se pose sur lui, qu’elle le reconnaisse, et il se dévoile. Mais combien prennent le temps de lever les yeux ?

Ceux qui sont montés jusqu’ici, qui ont accepté l’effort et le silence, savent. Ils savent que la beauté se mérite, que les révélations se font dans l’altitude, loin du tumulte, là où l’air est si limpide qu’il semble filtrer l’invisible.

Nous ne sommes pas seulement témoins. Nous sommes l’instrument, la main qui caresse le mystère sans le saisir tout à fait. L’univers s’exprime à travers nous autant que nous nous exprimons à travers lui. C’est une offrande réciproque, une danse secrète entre le visible et l’infini.

Et alors, dans cette fulgurance, une vérité s’impose : il n’y a pas de distance entre l’homme et le sacré, seulement le voile de l’oubli.

Meichelus






lundi 27 janvier 2025

La maison de R

Poème : « La maison de R »


À l’entrée du village, là où le goudron se lasse de sonner clair, la maison de R. s’étire comme un refuge discret. Une bâtisse modeste, cabossée par le souffle du temps, posée entre des mondes qui ne devraient jamais se croiser. À sa droite, un champ d’oliviers tend ses jeunes rameaux vers le ciel, comme s’il cherchait encore à s’enraciner pleinement dans la terre. À sa gauche, une prairie herbeuse semble hésiter, entre liberté sauvage et l’ordre de la résidence voisine, aux jardins taillés comme des mensonges parfaits.


Devant sa maison, les voitures s’alignent, certaines amochées, d’autres presque fières dans leur nudité métallique. Elles attendent, comme des récits interrompus, que les mains de R les réveillent. On dirait qu’il parle leur langue, qu’il négocie avec elles le retour à la route, à la vie. Dans cet amoncellement de carcasses et de rouille, une étrange alchimie se déploie. Un capot entrouvert peut devenir une bouche murmurant des promesses ; une vitre brisée, une lucarne sur d’autres mondes.


La maison elle-même semble vivante, avec ses fenêtres dépareillées qui clignent sous le vent, son toit fatigué mais courageux, et ce soupçon de lumière qui filtre par les rideaux à fleurs délavés. Ce n’est pas un lieu pauvre ; c’est un lieu qui a des histoires. Le soleil, quand il s’y pose, fait scintiller le métal des voitures abandonnées comme autant de constellations perdues. Et R, silhouette simple et fragile, traverse son domaine comme on traverse sa propre vie, sans tricherie, en portant sur le dos un quotidien léger, qui ne s’embarrasse pas des apparences.


La nuit venue, sous le chant des grillons et les reflets lunaires, tout se transforme en un théâtre irréel, où la maison devient un vaisseau échoué sur les bords de l’impossible. R, dans ce décor qui l’englobe et le révèle, semble appartenir à un autre rythme, à une autre façon d’habiter le monde. Il ne s’embarrasse pas des regards, et c’est peut-être ça qui trouble. Sa vie, simple jusqu’à l’excès, contient pourtant une sorte de force que d’autres auraient perdue.


Et au loin, le cimetière veille. Non comme une menace, mais comme un témoin silencieux, ses pierres blanches offrant un contrepoint immobile à la vie chaotique qui palpite ici. Entre les contrastes, entre les ombres et la lumière, il y a cette beauté qui échappe à ceux qui ne regardent qu’avec leurs yeux. La maison de Richard n’est pas un écart. Elle est un seuil. Entre la réalité et l’imaginaire, entre le fracas des hommes et la douceur des oliviers, elle respire, indomptée, comme une vérité oubliée.





samedi 25 janvier 2025

Poème : Je suis une brume au matin

 Dans la garrigue brûlante, l’esprit du Razorback glisse, invisible et immense, sous un ciel impitoyable. Les chiens aboient, mais rien ne peut m’atteindre. Je suis l’écho d’un rugissement ancien, un souffle chaud porté par la magie de la terre. Les Treize âmes sont toutes prochent, et leurs pas résonnent dans le vide. Protégées par cette force, incapables de saisir leur course furtive, les tirs éclatent, mais la forêt est épaisse, l’esprit intouchable.


Je suis une brume au matin, indomptable, m’échappant dans l’immensité silencieuse. Le vent, les ombres, les pierres, tout m’accompagne dans cette course pêle-mêle . Les voix humaines s’éteignent, mais dans le silence, mon nom résonne, sang-lier porté par l’esprit de la garrigue. Je suis libre, invisible, éternel.



Poème : Seuls ceux qui osent encore rêver

 Sous la souche au bord du chemin, un dragon et un lutin cachent leur monde secret, tissé de brume et de bois. Le lutin rit dans l’ombre, ses yeux d’émeraude brillant d’un éclat mystérieux, tandis que le dragon, silencieux, souffle un feu discret, gardien d’un secret invisible.

Seuls ceux qui osent encore rêver peuvent, un instant, entrevoir leur danse secrète. Leur monde, effacé des yeux endormis, vibre dans l’ombre. Et toi, passant près de cette souche, si ton regard se fait curieux, peut-être apercevras-tu un éclat d’espoir : un rire, un souffle, un monde caché dans le brouillard.



dimanche 5 janvier 2025

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