mardi 5 mars 2024

Entités



Entités



L’idée de départ lors de la création de cette toile était de représenter symboliquement la présence des         « entités sans âme », celles du monde physique appartenant aux êtres humains comme celles des mondes invisibles, créées ou non par nous, les humains. Cela m’intéressait car nous avons souvent tendance à ignorer, laisser de côté voire combattre nos propres ressentis. Je voulais m’inspirer des aspects « négatifs de la relation », quitte à en payer le prix, par exemple quant on sent que une personne est toxique pour nous.

 Dans ce même temps, je ne voulais pas « focaliser » juste sur cela, l’aspect « négatif », juste sur le côté mauvais et son influence, car la part de représentation qui est en jeu quand on ressent cela à l’égard de l’autre est présente… Mais souvent, la première impression reste la bonne. C’était une contrainte à laquelle je voulais me confronter, et voir où le résultat me mènerait. Nous connaissons parfois, dans notre entourage, des personnes toxiques. Toutefois, il existe aussi ce que je nomme des « entités », invisibles, liées à certains humains.

Quand ces humains sans âme et ces entités s’accordent et interagissent, c’est que les enjeux sont forts. L’un et l’autre, individuellement, se nourrisse de notre énergie. Prenant vie avec, par exemple,  « les formes pensées », ces entités puissantes peuvent aussi se détacher de leurs auteurs et avoir une existence propre dans le monde astral. Par définition, ces entités négatives, tout comme ces personnes,  se nourrissent des émotions et des pensées négatives (peurs, colères, jalousies etc.). Elles vampirisent l’humain en se collant à ceux et celles qui leur correspondent énergétiquement (le fragile attire le dur…), à ceux et celles qu’elles vont croiser sur leur chemin et ainsi contribuer à se maintenir en vie. Parfois, ce sont des créatures qui n’ont pas conscience d’exister ni de ce qu’elles infligent à leur hôte, tandis que d’autres fois, elles peuvent être animées d’intentions ce qui ne sont pas des plus joyeuses. A ce moment là, on peut dire que nous ne sommes plus dans la projection, dans la représentation psychique mais dans une lutte pour notre propre survie…

Je voulais dessiner et peindre l’ascension, l’évolution possible d’un négatif vers le positif. 

Je suis sûr que ces formes pensées puissantes, ces situations mentales, émotionnelles, générées par leur influence, peuvent être ôtées, nettoyées, transformées en formes pensées positives, en entités bénéfiques.

 J’avais envie de travailler cette part là, liée à l’invisible. J’ai cherché comment modifier le regard symboliquement.  Un peu comme un sportif  partant à l’entraînement, méthodiquement, avec détermination, entraînement qui le mène au but ultime :  gagner ! 

Certaines entités sont désincarnées depuis des décennies, peut-être même des milliers d’années. Elles fréquentent les lieux anciens chargés de souffrance, de peur, de haine, de colère mais aussi les endroits, les espaces ou résident la violence, le meurtre, la débauche et les addictions en tous genres (alcool, drogue, sexe etc.). Au fond, peut importe le lieu où elles sont présentes car elles peuvent se loger partout dans le réel… ou à côté, en parallèle.  

Je pense que l’on peut comprendre ce phénomène sans accorder plus de légitimité physique et spirituelle que cela à l’existence de ces entités. Pas question d’accepter la spoliation d’un hôte, mais au contraire, montrer qu’avec l’existence d’une « porte » juste là, disponible, on peut changer les choses. Une porte peut toujours être recherchée, pour peu qu’on en ait l’intention, et celle-ci ouvrirait sur un nouveau monde… 

Dès lors, la vie, contre toute attente, peut de nouveau émerger, laisser filtrer la joie quand tout, par ailleurs, semble triste, prédestiné, déprimant, agité et enfermé dans le terrible cercle des incarnations et de la culpabilité. 

Pour quelles raisons ces entités sont-elles là ? Participent-t-elles à un enseignement ?  Définissent-elles, d’une certaine manière, les contours d’un chemin qui serait plus juste pour l’évolution personnelle ? Le paradoxe du guerrier ne se retrouve-t-il pas en chaque chose ou les opposés forment l’équilibre ? La « fonction du  tyran » comme moyen de  radicalisation spirituelle est-elle pensable pour la victime ? Les épreuves de la vie nous montrent avec cruauté à quel point ce paradoxe participerait à changer nos modélisations, nos regards en profondeur, voire notre destin. Chacun, tyran ou victime,  ayant une charge karmique à supporter…

 La possibilité de prendre conscience qu’un changement est nécessaire mais aussi possible lorsqu’on ne se laisse pas fasciner par l’obscurité m’intéressait. Les entités nous aideraient à trouver la lumière en chargeant notre conscience de mille nuances. Le sommeil éternel des humains, lui, ne permettant pas d’opérer un réel changement, il fallait que l’éveil se produise. Si, dans le cours de nos vies, des modalités    d’éveil ne sont pas semées sur le chemin, où trouver,  lors de notre propre évolution, les moyens du changement ? A défaut, l’hibernation risquerait d’être éternelle.

 L’univers qui crée les épreuves de la vie, quelles qu’elles soient, nous accompagne, et la conscience est le moteur. Ne pas être l’objet de l’obscurité, mais le facilitateur de la lumière comme orientation, n’est pas un choix mais une recommandation. C’est l’option qui m’apparaissait motivante pour cette toile… 

Pour autant, rien ne garantissait que moi-même,  je ne me laisserais pas happer par l’obscurité. Je ne voulais pas représenter la lumière, l’énergie, la beauté, la puissance, avec des clichés lyriques. J’avais à l’esprit le  « pouvoir » de la médecine spirituelle, la force de l’énergie de vie, et l’envie forte de montrer l’énergie sacrée. Ce n’est pas rien. C’est pour cette raison que j’ai voulu m’appuyer sur la présence, au-dessus de mon village, des Katchinas dansant, représentation symbolique des poupées sacrées dans les traditions des tribus hopis. Je sentais qu’ainsi, je représentais l’innocence, la joie, l’élévation et l’espoir.

Ce travail m’a pris deux mois et demi durant lequel nous sommes tombés malades, Anouk et moi. Une forte grippe qui n’en finissait pas, avec des symptômes pulmonaires persistants, signes d’une hypothétique expérimentation dans la matière, dans nos corps, d’une descente énergétique épuisante, avant que nous puissions nous relever doucement, une fois l’énergie nettoyée grâce à la marche, la méditation et beaucoup d’amour, et une fois la partie inférieure de la toile - où sont concentrées les énergies toxiques - terminée. Tel un combat don-quichotesque et intentionnel fort, sous le moulin de Félines-Minervois, j’ai achevé cette toile en me réjouissant de pouvoir vivre et partager ce qui se joue sous la danse des esprits.

Toile de 60cm x 80cm réalisée au crayon mine noire, à l’encre de Chine et peinture acrylique, avec du brou de noix, de la peinture pastel irisdescente et de la peinture pastel classique. 

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