mardi 17 mai 2022

Tableau Numéro 17 : « Le reflet de la lune sur la boussole »

Inspiré par les aventures de mon fils Tom au Yukon et dans les territoires du Nord Canada, sur les terres de Gwichin, j’ai finalisé cette toile avec des milliers de petits points

de crayons mine noire gras et maigres, et des pointillés à l’encre. En tentant un audacieux parallèle, j’ai pensé que la question de la survie est parfois omniprésente pour l’explorateur qu’il est. Dans les milieux difficiles et sauvages, si on ne s’équipe pas comme il faut, on meurt. Si on ne profite pas de l’expérience des autres et qu’on ne tire rien de sa propre expérience, on se met en danger. Donc, envisager de partir à « l’aventure », ou vivre une « aventure », comme celle que représente parfois la relation à l’autre, ne se résout pas seulement avec un manuel de survie. L’expérience n’est pas la certitude d’être tout-puissant pour se rassurer et faire face à l’inconnu, même si cela peut aider. L’aventure de la relation à l’autre, comme l’aventure vers des territoires sauvages, est un risque que l’on peut prendre... ou non. Peut-on être rêveur, ou rêveuse, et aller aujourd’hui plus loin que ne l’a fait Jack London ? Oui... J’en ai la preuve avec mon fils alors que la capacité à rêver est son moteur, lui qui évalue les risques en vivant des situations extrêmes vers des territoires vierges. Et peut-on parfois mettre sa vie en danger dans la forêt ultime de la relation à l’autre ? Ma réponse est également oui... Et il faut sans doute une bonne dose de courage autant que de souplesse. Sinon, la relation à l’autre peut-être dangereuse...

En réalisant cette toile, j’ai vu le côté de ce qu’on appelle « l’effet miroir », là ou le trop plein d’activité projective signe certainement un vide angoissant. L’unité vidée de tout aspire l’essence de l’autre pour s’en repaître, obligeant la victime choisie à créer des stratégies de défenses. On parle alors de relation toxique qui oblige la victime à accepter la paternité d’un problème inconnu d’elle. Ces « vampires » se nourrissent de votre substance via cette activité très projective jusqu’à la fin... Mais des stratégies de défenses existent. Vu de l’extérieur, vous êtes maintenu dans une transformation opérante, physiologiquement, socialement et psychologiquement. Vous devenez un objet à anéantir de cette entité, tout en vous vidant de ce qui fait de vous ce que vous êtes. Vous devenez alors un simple reflet, qui finira par être détruit totalement, tout comme la nature toute puissante peut vous réduire à néant si n’y prenez pas garde.

De la forêt vierge à la relation à l’autre, les manuels de survie aident mais ne suffisent pas toujours. Pourtant, il existe des portes de sortie pour se sauver du pire. Cette toile représente l’état de libération qui survient lorsque le tyran combattu est lui-même anéanti par les limites qu’on lui a fixées, le non qu’on lui a opposé devenant source de vie ! Il s’agit de la résurrection, l’équilibre retrouvé, l’Atman, le souffle vital à partir duquel chaque être vivant s’organise pour trouver sa place dans la nature... La nature révélée qui nous enchante sans nous ensorceler.

Ce tableau est réalisé sur papier aquarelle 70/50 cm Monelli avec des crayons mines noires, de l’encre de Chine, de la peinture pastel classique et perlescente, de l’acrylique dorée, du carton d’emballage, du cuivre et une feuille de thé...

Poésie d’Anouk Journo :


Quelques douces éclipses de réel Viennent ourler d’ambre liquide Lamelles nichées sous l’humus.








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