Deux vieux tracteurs rouillés reposent sous le vent, témoins silencieux d’un monde où l’essentiel prime sur l’accessoire. Leur carcasse fatiguée, marquée par les saisons, porte en elle la mémoire d’un labeur humble et acharné. Ils veillent à l’entrée d’une ferme où l’on ne compte pas les heures en chiffres, mais en gestes. Ici, on ne produit pas pour accumuler, on sème pour nourrir, on soigne pour guérir, on accueille pour offrir une seconde chance.
Les chevaux arrivent un à un, cabossés par la vie, rejetés par un système qui ne tolère que l’efficace. Mais ici, entre les mains discrètes et bienveillantes de ceux qui habitent ces terres, ils retrouvent leur souffle, leur dignité. Rien n’est fait à la hâte et tout suit le rythme de la nature, en tenant à bout de bras, les corps et des âmes.
À quelques pas, la pinède bruisse sous le vent, la garrigue s’étend au-dessus dans son un écrin sauvage. La ferme, enracinée dans cette nature brute, résiste aux assauts du monde moderne comme du climat de Séville, à ses absurdités administratives, à ses logiques aveugles qui écrasent les petites gens. Pourtant, ici, personne ne se lamente mais résiste. On avance, on crée, on bâtit malgré tout. Avec intelligence et humilité, on compose avec la terre et le ciel, avec la pluie qui n’arrive pas et la sécheresse, trouvant toujours une façon d’avancer sans trahir et tenir l’équilibre fragile du vivant.
Les tracteurs, eux, ne bougent plus, mais ils n’ont pas disparu. Ils sont là, comme une allégorie du temps qui passe et de la force tranquille de ceux qui refusent de plier. Leur rouille n’est pas une fin, c’est une empreinte, la marque d’une existence dédiée à l’utile, à l’essentiel. Ils sont comme ces hommes et ces femmes qui, loin des projecteurs, tissent chaque jour un avenir plus doux, plus juste, en silence, sans attendre d’autre récompense que la certitude d’avoir fait ce qu’il fallait.
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