vendredi 24 septembre 2021

Tableau N°7 : « L’art de l’âme agit »

« L’art de l’âme agit » 


C’est en suivant une rêverie d’été, à Félines-Minervois, que j’ai choisi de commencer ce tableau. J’étais impressionné par les nuages qui entourent le village, ayant à l’esprit le travail géométrique et visionnaire des peintres Shipibos qui représentent des figures géométriques complexes et difficiles à reproduire pour provoquer une « captation de l’œil ». Captation chez celui ou celle qui regarde le monde animal, végétal, et celui des esprits, sont présents dans leurs dessins, leurs peintures, leurs tatouages qu’ils peuvent arborer avec un souci de « transe-formation » et de protection.
Ce qui m’intéressait vient de ce que leur représentation nécessite un apprentissage tout en faisant référence à un système de croyances codifié quasiment cryptique. De même, le graphisme sur les corps amérindiens des « Cashinahuas », qui « focalise » l’attention, enchâsse le regard autant qu’il représente des figures extérieures à leurs corps, créant une poésie du signe, réalisant une « clinique du symbolique » qui serait reliée à la nature par un langage mystérieux.
Par le graphisme, la rencontre est immédiatement « immersive » et chargée de toutes les « intentions ». On entre ainsi dans le cercle précieux et vertueux de « l’harmonie ». En passant par la nature, l'Homme se donne toutes les chances de pouvoir retrouver la sienne, à moins qu’il y soit déjà...
Particulièrement sensible à ce qui ne peut pas se réduire seulement à un acte poétique, mon travail, souvent, veut « ouvrir ». Extrait de mes voyages intérieurs, une serrure vers l’univers perceptuel et symbolique qu’inspire la présence à soi dans le monde. De ces entrelacs vécus, je voudrais souffler sur un fil d’or, une douce transe créative et chaude en direction de « l’observant ».
Faisant confiance à mon crayon, souvent un HB6 qui s’est bien comporté en traçant ce qu’il pouvait de ma relation dédiée quotidiennement à la « magie », je rends grâce, bien entendu, au soutien actif et sécurisant de ma belle Anouk. Elle qui me sait sujet filtrant, lecteur attentif des manifestations et autres signes du monde, là où justement "l'intention" poétique fut peut-être un premier écho.
L’art se veut sans faille afin que puisse souffler ce rien qui surgit tel quel.
Papier cartonné de 2mm avec du crayon mine noire, de l’encre de chine, du pastel et des éclats de feuilles d’or.

Poésie d’Anouk Journo :

Tout l’or des songes Claque et se dépose
Sur le charivari des rêves
Une brise d’écume
Jaillit d’une tranche de lune Et se nourrit de genièvre
Alors se déplient les feuillages Et un mage nous éclabousse D’embruns volages.



dimanche 29 août 2021

Le graphisme sur les corps des amérindiens

 Résumé : dans cet article, EL LAGROU propose de montrer comment plusieurs techniques formelles utilisées dans le graphisme des Indiens cashinahua et d’autres « peuples à dessin » peuvent être vues comme des techniques perspectivistes, c’est-à-dire des techniques qui aident à visualiser la potentialité de transformation des phénomènes perçus. Si l’analyse des circonstances dans lesquelles ce processus peut se produire a été amplement réalisée dans les ethnographies de la région, en revanche les techniques de cadrage visuelles qu’il implique n’ont pas été suffisamment mises en lumière. C’est là qu’apparaît l’importance d’une étude des formes, d’une esthétique perspectiviste de la transformation. Au-delà du contexte perspectiviste et animiste dans lequel s’ancre cette recherche, il explore la possibilité de considérer ces graphismes comme des « chimères abstraites ».



Une ancienne légende Shipibo circule sur l’origine des graphismes traditionnelles :


Un jour, un jeune couple de la tribu Shipibo voyageant dans la jungle arriva dans un endroit magique.
Il y avait du poisson en abondance sur la rive de la rivière, et les arbres débordaient de fruits.
En s’approchant au bord de la rivière, le mari remarqua une petite baie entourée par un mur dense de buissons et de roseaux.


Tout à coup, sur la plage, il aperçut la jeune fille.
Il n’avait jamais vu auparavant une créature si fragile, si belle et surnaturelle.
Elle était nue, et tout son corps était couvert d’un dessin étrange, une répétition de motifs étonnamment variés.

Au fond de son cœur, l’homme fut frappé par sa beauté, mais dès qu’il eut prononcé le premier mot, pour demander à la fille d’où elle venait, elle s’effondra sur le sol, morte.
Il était clair que le son de la parole humaine avait tué cette créature divine.
Stupéfait
, le jeune homme retourna auprès de sa femme pour lui raconter ce prodige. Tous les deux virent des dessins étonnants sur le corps de la défunte.
– plus tard la rumeur dit qu’elle était une sirène.


Les dessins étaient si beaux et changeants, ils semblaient avoir leur vie propre. La fille tenta de recopier ces lignes mais, malgré son application, c’était impossible – elle ne pouvait pas.
La rumeur au sujet de ce phénomène se propagea, et après un certain temps, les gens des villages même les plus reculés, venaient pour voir les dessins. Personne n’était en mesure de les copier. Et plus les gens regardaient ces lignes, moins elles devenaient claires.

Un jour pourtant, ils pourraient les voir.


Ce jour-là, de nulle part vint la vieille femme. Elle commença à enseigner les filles, leur expliquant comment créer ces lignes de vie.

« Ce soir, dit-elle, chaque mère continuera d’enseigner cet art à ses filles, transmettant ces connaissances de génération en génération.
Ces images apporteront la santé, le bonheur et le succès dans la vie de la tribu. Elles vous protégeront et vous apporteront la bonne chance. »

Tandis que les gens discutaient de ce qu’ils avaient entendu, la vieille dame disparu sans laisser de trace.
– plus tard la rumeur dit qu’elle était une sirène.


C’est ainsi que depuis des millénaires, la connaissance est transmise de mères en filles et que cette ligne ne se brise pas...

https://doi.org/10.4000/gradhiva.2040



samedi 28 août 2021

Collection Talismans de bibliothèque n°1 : « la Shakti »

 Réalisé avec du carton, du cuivre, feuille de thé, crayon mine noire, pastel, crayon bille, un démonte pneu, du cuivre, du papier canson, de l’encre de chine et de la ficelle… 

12 cm x 20 cm




Collection Talismans de bibliothèque » n°2 : « Surprise acceptable »


Avec un galet trouvé sur une plage du Havre, du cuivre, du carton, du crayon mine noire, du pastel, du cuivre, de l’encre de chine, du stylo bille, de la ficelle, du fil de fer.

13 cm x 16 cm




Collection Talismans de bibliothèque n°3 : « Dédoublement »


Sculpture collage avec du carton, de la ficelle, du pastel , du crayon mine noire, du cuivre, une loupe, du stylo bille, du carton feutre, du papier cartonné, de l’œil de tigre.

15 cm x 20 cm





Collection Talismans de bibliothèque n°5 : « Epsilon »

 Sculpture collage avec carton, perle de cuivre, encre de chine, crayon mine noire, papier carton et papier canson, ficelle, encre pastel iridiscente.

16 cm x 20 cm


« Epsilon », la cinquième lettre de l’alphabet cyrillique et deuxième voyelle, symbole d’une quantité infinitésimale que l’on fait tendre vers le zéro…

Dans « Le meilleur des monde », roman dystopique d’Aldous Huxley, les Epsilon (vêtus de noir) forment la caste la plus basse, ils sont faits pour occuper les fonctions manuelles assez simples. Ils sont programmés pour être petits et laids. Divisés en deux comme toutes les autres castes, chacun, en raison de son conditionnement, est persuadé d’être dans une position idéale dans la société de sorte que nul n’envie une autre caste que la sienne, contribuant ainsi à l’objectif ultime de tout le système social : la stabilité…





jeudi 19 août 2021

tableau n° 6 : « Equilibrium zéLé »

 « Equilibrium zéLé »


L’idée dans cette toile se cache autour de « Aequus : égal et libra: balance, poids » c’est-à-dire ce qui est à l’œuvre de « part égale » entre « liberté » et « l’équi-libre ».

Une question : du groupe et de l’individu, de l’art brut et de l’art visionnaire, de la tradition et de la modernité, de la monoculture et du multiculturalisme, de « l’ambivalence » sans la schizophrénie:   comment maîtriser l’espace-temps visionnaire qui serait le lien avec « la source, la nature, les résonances morphiques », le « sacré », et dépasser l’obsolescence programmée et permanente que suscitent l’individualisme et la science matérialiste dans notre société ?

Une société qui « dévorerait » toute coexistence, par autophagie et narcissisme, en entretenant l’illusion d’un individualisme fort, un choix de « l’être » qui, de fait, n’en a pas...

De l’impatience toujours plus, au vécu du « temps présent » perçu parfois comme une révolution petite bourgeoise par une jeunesse névrosée, un changement normatif sans saveurs, quelle chance reste-t-il au sacré de trouver sa place ? 

La remise des ailes du moulin de Félines-Minervois en écho à mon intuition, une expression/outil pouvant refléter une vision romantique et désuète opposée à la « vente au gain de temps obsolète ».

Ma métaphore, en quelque sorte offerte au « désir » que l’harmonie soit dans l’environnement proche une possibilité ? De fait, elle l’est !

Simple regard poétique posé sur une belle action, soutenue par ce trait intuitif redonnant sa place à une vraie révolution, celle de l’être complet, « l’être philosophique ».

Valorisation hors marketing, le moulin de Félines avec ses ailes fluides chante l’harmonie des vents. Comment vivre dans deux espace-temps sans perdre son identité, ni renier ce que l’on est ?

Comment occuper une position digne sans craindre d’avoir une personnalité « bi-face » à la Janus ? Vivre une double appartenance sans entraîner un dédoublement menant à l’indécision ? Comment ne pas perdre l’équilibre ? Ne pas être en rupture, résister ? Sinon en choisissant la « voie symbolique »…

La « latéralisation de la pensée, d’un coté l’art, la création, l’imagination, la perception holistique, et de l’autre l’analyse, les mathématiques, l’abstraction… Cela nous amènerait à raisonner en appliquant des stratégies pratiques et visuelles, voire multi-sensorielles au détriment d’une approche qui se voudrait globale. Est-il possible de se libérer du réel ? Et d’entrer dans la métaphore librement ?

L’abscisse reconnue des poètes pourrait être : « Ne pas se laisser voler le sacré » à ses dépens et soumettre le réel.

Alors que le moulin de Félines a  retrouvé  ses ailes, l’L déposé hors texte peut devenir symbolique d’une continuité pour l’artiste.

Un optimisme poétique voit se réaliser, derrière l’ambivalence propre à l’être, une opération de grand écart entre deux mondes qui ne sont pas antinomiques.

Un nouvel équilibre est à atteindre tandis que nos certitudes se délitent, ouvrant le champ des possibles…

 

M. 

 

Toile sur papier du moulin de Brousse-et-Villaret  38,7 x 19,3

Encre de chine, crayon mine noire, pastel et feuille d’or

 

Poésie d’Anouk Journo :

Un pont naturel de marbre rose

Pour nos amies coccinelles


Au loin, le moulin en pause

 Aux ailes éternelles


Dans la garrigue craquante

Ça s’écoute, ça se sent !

 

Les yeux sous l’or des figues

Le nez au sein des ombrelles


La sarriette, le thym et la pluie

Dessinent le lointain 





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