mercredi 2 novembre 2022

Tableau numéro 19 : « Sous la comète, le sourire du jaguar »

 « Sous la comète, le sourire du jaguar »


Telle une comète, mon crayon s’est laissé guider entre un jeu d’équilibre avec les forces chthoniennes, fertiles, et celles obscures, magiques et fécondes de la lune placée au centre de la toile. 

Avant que ne se révèle l’importance de la figure du Jaguar, s’est organisée la structure de la toile au fil des multiples figurants « alvéolisés » arrivant groupés, ou pas, d’un ailleurs fortement pressenti et précis, qui, point par point, s’étirant euphoriquement, ont tracé cette enveloppe spirituelle qui ne m’appartiendrait pas et qui, pourtant, jaillissait sous la mine. 

C’est une énergie très douce et particulière qui serait à l’œuvre, glissant avec la mine du Staedtler 3H comme un bâton de parole. Cela raconte l’histoire de notre arrivée à Félines il y a déjà deux ans. Sa navigation sur des boucles ouvertes ou fermées selon le rythme, jusqu’aux points d’encrages extirpés d’une envolée en clarté se répétant à l’infini afin que s’ouvre un chemin bien tracé sur lequel est apparu ce jaguar, double symbolique des forces de la nuit. Puisque c’est « guidée » que la main soutient le crayon, c’est donc avec
« l’esprit du jaguar » ou « la voie du jaguar » que j’ai fouillé du côté des cultures précolombiennes. Il m’a semblé reconnaître un étrange chemin, présent depuis toujours, qui passait par Félines-Minervois. Cette 19ème toile, telle une matrice, est une révélation, une réalisation inspirée qui durera plusieurs mois. 



L’exégèse symbolique de l’esprit du jaguar n’est pas sa représentation, cette matrice a été réalisée sous l’influence d’une encre des rêves et la force de « l’intégrité ». Médium protéiforme et responsable, l’image du jaguar deviendra une nécessité. Des synchronicités inattendues ont jalonné la réalisation de cette toile, des signes comme s’ils venaient d’un futur inconnu. Ainsi, en voyant la projection du film de Caro Guerra « L’étreinte du serpent » ou apparaissent une comète et un jaguar… Au moment ou le chercheur profane reçoit la médecine du chaman amazonien qui, peut-être le sauvera, la comète illumine la forêt et dévoile la présence d’un jaguar. Une autre confirmation après une conversation avec un habitant de mon village, en fin de réalisation,  l’expression : « l’énergie du jaguar » traversera la discussion, faisant descendre les incertitudes du front…

Durant toute la construction de cette toile, la météo fut fleurissante et le ciel ensoleillé. Le jaguar, l’animal/esprit des Mayas qui ornementait les monuments, pouvait représenter celui qui a le devoir de nourrir le soleil et l’étoile du matin. C’est encore aujourd’hui l’animal pouvoir du ciel pour les descendants des Olmèques, Mayas, Aztèques, Incas. Dans ces représentations méso-américaines, la gueule du jaguar englobe souvent le ciel.

Le refus du jugement et de l’égoïsme, la gentillesse à l’égard de l’autre, la reconnaissance peuvent mener à un sentiment de bien-être et d’intégrité, tel un clin d’œil.  Le « sourire du jaguar » est aussi son rugissement. Là encore, il symbolise la dignité, la compassion, l’honnêteté et la rectitude. Le jaguar évoque une médecine de l’intégrité qui autorise humblement les changements de direction et pardonne les erreurs. Elle permet à l’esprit équilibré de toujours triompher…

Toile de 60/80cm sur papier Monneli et papier cartonné, réalisée avec des crayons mine noire, de l’encre de Chine, de la peinture pastel iridescente, du carton d’emballage, des bandes de cuivre, l’incrustation d’un scarabée en porcelaine, de la résine cristal avec du pigment résine, des mini-fruits et des légumes plastifiés.

poésie d’Anouk Journo :

L’encre des rêves 

S’imprime à nos mémoires

Histoire de voir

De parler

Ou peut-être de continuer à chercher

Une ancre pour se poser

Une trêve 

Dans la forêt noire 

De nos enfances impossibles à gommer.







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