"Sur les Traces de l'Explorateur" : Une Odyssée Artistique et Humaine
Inspiré par les aventures de mon fils Tom au Yukon et dans les territoires du Nord canadien, sur les terres des Gwich’in, j'ai finalisé cette toile avec des milliers de petits points de crayons à mine noire, gras et maigres, et des pointillés à l'encre.
En faisant un audacieux parallèle, j'ai réfléchi à la question de la survie, omniprésente pour l'explorateur qu'il est. Dans ces environnements hostiles et sauvages, une mauvaise préparation peut être fatale. Si l'on ne profite pas de l'expérience des autres et qu'on ne tire pas des leçons de ses propres expériences, on se met en danger. Partir à "l'aventure" ou vivre une "aventure", qu'elle soit relationnelle ou géographique, ne se résout pas seulement avec un manuel de survie. L'expérience n'apporte pas la certitude d'être tout-puissant face à l'inconnu, même si elle aide. L'aventure relationnelle, comme celle des territoires sauvages, est un risque que l’on choisit de prendre… ou non.
Peut-on être rêveur ou rêveuse et aller aujourd'hui plus loin que Jack London ? Oui. Mon fils en est la preuve, sa capacité à rêver étant son moteur, lui permettant d'évaluer les risques tout en vivant des situations extrêmes dans des territoires vierges. Mettre sa vie en danger dans la forêt ultime de la relation à l'autre est aussi possible. Cela demande courage et souplesse, sinon, cette relation peut devenir dangereuse.
En réalisant cette toile, j'ai observé l'effet miroir, où un excès d'activité projective révèle un vide angoissant. L'unité vidée de son essence aspire celle de l'autre, forçant la victime à développer des stratégies de défense. On parle alors de relation toxique, où la victime se voit attribuer la paternité d'un problème qui ne lui appartient pas. Ces "vampires" se nourrissent de votre substance par leur activité projective, jusqu'à vous vider entièrement. Mais des stratégies de défense existent. Vu de l'extérieur, vous subissez une transformation opérante, physiologiquement, socialement et psychologiquement. Vous devenez un objet à anéantir, vous vidant de ce qui fait votre essence, jusqu'à devenir un simple reflet, détruit totalement, comme la nature peut vous réduire à néant si vous n’y prenez pas garde.
De la forêt vierge à la relation à l'autre, les manuels de survie aident, mais ne suffisent pas toujours. Cependant, il existe des portes de sortie pour se sauver du pire. Cette toile représente l'état de libération qui survient lorsque le tyran combattu est lui-même anéanti par les limites qu'on lui a fixées, le "non" opposé devenant source de vie. Il s'agit de la résurrection, de l'équilibre retrouvé, de l'Atman, le souffle vital à partir duquel chaque être vivant s'organise pour trouver sa place dans la nature... Une nature révélée, qui nous enchante sans nous ensorceler.
Ce tableau, réalisé sur papier aquarelle Monelli de 70x50 cm, utilise des crayons à mine noire, de l'encre de Chine, de la peinture pastel classique et perlescente, de l'acrylique dorée, du carton d'emballage, du cuivre et une feuille de thé. Chaque élément contribue à une exploration sensorielle et symbolique, illustrant la quête de survie et de libération, tant dans la nature sauvage que dans les relations humaines.
Poésie d’Anouk Journo :
Quelques douces éclipses de réel Viennent ourler d’ambre liquide Lamelles nichées sous l’humus.