« La conscience est la nourriture de l’aigle »
Les peintures sur sable des tribus navajos suivent un cadre très strict et traditionnel que les artistes navajos reproduisent pour chacune de leurs œuvres. Dans la philosophie qui les anime, l’être et le monde sont pris en compte comme un même « ensemble »
La maladie est considérée comme un désordre, une sortie, une extraction de la « beauté », de l’hozro, du lien d’harmonie que les êtres humains sont censés entretenir avec la Terre, les plantes, les animaux, mais aussi entre eux lorsque le tissage est abimé. C’est primordial et cela peut être mis en danger par l’évolution qui n’est pas toujours positive au sein de notre société : laisser-aller, tabous franchis...
J’ai choisi de m’inspirer et de partir de certaines de ces peintures navajos ou hopis tout en laissant mon trait courir sur la feuille. J’ai cherché cet investissement, ce lien indéfectible qui devrait ouvrir chacun de nous en direction de l‘univers, pour ensuite me ré- approprier le trait et en faire émerger ce qu’il cache, au moment précis où je l’aborde, au moment où finalement je réalise que cette représentation n’est pas unique, et qu’elle forme le tableau.
J’ai beaucoup pensé à la délicatesse du geste lorsque l’artiste/soignant, chanteur et médecine-man dépose ses grains de sable colorés sur le fond sablonneux de la Terre , là où s’assoit le malade, dans cet espace particulier qui va servir de « réunificateur », donnant à l’œuvre une valeur temporelle et sacrée, cadeau pour « l’esprit ».
50 x 32, 5 cm sur papier Canson Crayon mine noire et pastels couleur
Poésie d’Anouk Journo :
Des pas se tracent peu à peu dans la neige des temps Et les arcs-en-ciel
Lentement ondoient vers un rapace de glace
Ouvrir les pages et les nourrir
Devient l’âme de l’encre si vous laissez
Vos coeurs rêver d’une conscience sans aigle.